Poètes :

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Lecture de mon corps

Serge Noel,  le 13.11.2016


j'aurai laissé quelques mégots quelques poèmes
j'aurai dit quelquefois les mots je t'aime
comme on trompe son ombre au jeu perverti des nuages
j'aurai laissé quelques amis quelques bons souvenirs
des sourires et des rires d'enfant sage
j'aurai laissé le goût amer de ne pas mourir
dans le fracas des oiseaux au bord du petit matin en mai
j'aurai appris à ne jamais dire jamais
et fontaine j'aurai goûté de ton eau
j'aurai été ivre et j'aurai tourné derviche un peu fou
dans le tourbillon des faits et des gens
je me souviens de septembre 1973
où nos rêves ont perdu leur chair
les arbres recouvraient tendrement leur feuillage
et les jardins avaient la couleur du bonheur
enfants tristes enfants qu'avons-nous fait de nos premiers désirs
nous aurons perdu le sens de la fête et des choses
nous nous serons blessés aux épines des roses
et comme le dit le poète bien connu des écoliers
ceci est une autre histoire

enfants tendres enfants qui courriez dans les rues
devant les flics tendus et gris
vous vouliez simplement une vie à l'aune de vos coeurs
vous vouliez partager le pain et les odeurs
du pain sur les tables du dimanche
vous vouliez danser avec les femmes blanches
avec les femmes noires qui portaient le faix du monde
sur leur dos de nature morte

voilà plusieurs jours que je rêve de ce poème
que je me dis qu'aurai-je laissé en fin de compte
aux générations qui suivront notre désastre
et je ne trouve pas grand-chose
un mégot un poème un sourire un verre de vin
négligemment laissé à demi vide sur la nappe rouge du temps
les histoires qu'on se raconte d'enfant-loup et d'ogre gentil
les monstres qui hantent les nuits dans les lits bleus du vent
tout ce que vous aviez espéré
pour vous-même et pour les autres
tout ce que les continents neufs et anciens proposaient à l'appétit
grandissant des hommes

et parfois comme un regret
sur la lèvre murmurée
pauvre accent d'eau et de grès
dans quoi le temps s'est planté
sur quoi le vent a sifflé
et sur une toile cirée
le vent tendre des années
comme rouge le faux nez
clown tragique et destiné
à faire rire les enfants
et mon dieu le coeur me fend
de tant de rêves égarés
de tant de temps écrasé
fraise des bois lèvre en sang

dans notre courette le soleil vient jusqu'à midi
cueillir les ombres fades du printemps
et nous restons à rêvasser attendant tristement la nuit
et les errements charnels de nos lits
qu'aurons-nous tenté pour changer la vie et transformer le monde
combien de nos coeurs aurons-nous donné
pour apporter de l'eau dans le désert
pour creuser des puits construire des écoles compter les étoiles
les jours petits ont succédé aux fêtes inouïes des peuples
qui marchaient toujours debout toujours rêvant
ne laissant aucune chance à la mort

fruits d'été dont le jus coule sur la bouche nue
nous autres aurons attendu les jours venus
nous autres aurons frémi dans le matin
nous autres enfants tragiques aux cheveux teints
fils des rêves que font les gens en attendant
filles des songes cassés fils du temps fils du temps

 

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